Du rêve à la réalité

J’ai toujours eu cette envie de travailler dans l’humanitaire, de me mettre au service des autres et d’imaginer que je pouvais gagner ma vie en faisant cela. Pleine de bonne volonté et de motivation, je voulais avoir des expériences et partir « sur le terrain » pour découvrir ce milieu de moi-même. C’est alors que je me suis rendue compte de toutes les dérives qui avaient été créé afin d’en faire un maximum de profit : le volontourisme. C’est sûr que de proposer à des personnes qui cherchent à se rendre utile d’aller enseigner l’anglais à des petits orphelins, cela nous touche et cela nous donne envie de le faire.

Mais dans la réalité, c’est comment ? Un prix exorbitant pour ces « voyages » qui tourne autour de 1000€ par semaine ? Des conséquences dévastatrices pour les enfants qui n’ont aucune stabilité d’enseignement ? Ou encore le fait que ces soit-disant orphelins ne le sont peut-être même pas ?

 

Que faire alors ?

Pleins de désillusions me sont alors sautées au visage. Est-ce vraiment possible de partir aider les autres sans que cela ait des conséquences néfastes sur les populations locales ? Est-ce vraiment utile ? Je me suis posée pas mal de questions suite à cela et j’étais encore dans le flou jusqu’à récemment.

C’est pourquoi j’ai eu envie de participer à la FCC (formation civique et citoyenne) de KuriOz sur le sujet. J’attendais au final beaucoup de réponses sur la manière de faire de l’humanitaire en conscience.

 

Un apprentissage qui nous fait découvrir de nouvelles perspectives

Durant cette formation, beaucoup d’activités nous ont engagé physiquement et psychologiquement à travers des jeux de rôles notamment.

Celui qui m’a le plus marqué nous plongeait dans une simulation de montage de projet d’aide au développement. Chaque petit groupe représentait une partie prenante : les financeurs, les responsables d’ONG, les artisan·e·s et commerçant·e·s locaux, les habitant·e·s locaux et les bénévoles français·es. Chacun devait alors se mettre dans la peau de son personnage et défendre ses intérêts. Au fur et à mesure, on s’est rendu compte de toutes les divergences entre les opinions et ainsi des compromis que chacun devait effectuer pour le bien du projet. J’ai compris que monter un projet de solidarité n’est pas un processus à prendre à la légère et qu’il peut d’ailleurs être très long de réussir à mettre tout le monde d’accord.

 

Bilan : partir faire de l’humanitaire en conscience, c’est possible alors ?

Selon moi oui, mais cela demande une certaine prise de conscience et d’informations à ce sujet. On ne part pas faire de l’humanitaire ou de l’aide au développement sur un coup de tête.

Cette formation a encouragé beaucoup d’échanges. Cela m’a permis de me rendre compte que l’on est plus ou moins informés sur ce sujet et qu’il peut également y avoir beaucoup d’idées reçues sur le secteur de l’humanitaire.

Le côté positif, c’est que la plupart du temps les intentions sont bonnes : on ne veut pas partir faire de l’humanitaire pour être riche ou célèbre, on cherche avant tout à faire des actions qui ont du sens pour nous. Mais c’est aussi à ce moment-là qu’il est important de faire la part des choses et de se poser les bonnes questions : Est-ce que mon activité bénévole ou salarié n’empêche pas des professionnels sur place de trouver du travail ? De quoi les populations locales ont-elles vraiment besoin ? Ce qu’elles recherchent peut-il être produit sur place ? Et la liste continue…

Vouloir partir faire de l’humanitaire ou monter un projet de solidarité est donc des plus louable, mais si l’on prend bien le temps de se questionner !

Si toi aussi c’est un sujet qui t’intéresse, je te conseille vivement de te renseigner à travers des formations comme celle-ci, ou bien à travers des livres comme Partir pour être solidaire ? de ritimo qui, moi, m’ont beaucoup appris.

 

Par Lakmé Boileau, volontaire en Service Civique

© Illustration : Dessin de Claire Robert extrait du guide « Partir pour être solidaire », ritimo, 2019 – www.ritimo.org

 

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